2019 / 17e Table ronde de la SES (entrée libre)

 

"Les Syriaques à l’époque ottomane (XVIe- début XXe siècle)"

 

l'organisation scientifique de cette table ronde est assurée par 

Bernard Heyberger (EHESS / EPHE) 

 

15 novembre 2019

9h20-18h30

 

 

Institut Protestant de théologie (Paris, 14e arr.)



Liste des intervenants et titres provisoires des communications

 

Edhem Eldem (Collège de France)

Introduction : L’Etat ottoman face au défi de l’égalité : la faillite d’un empire pluriel

 

Bernard Heyberger (EHESS / EPHE)

Les chrétiens syriaques à l’époque ottomane : de la tā’ifa à la confession 

  

Lucy Parker (Oxford) 

Syriac Christianity in the Sixteenth Century: New Texts, New Contacts, New Questions

 

Margherita Farina (CNRS, UMR 7597)

Circulation de manuscrits syriaques en Orient et entre Orient et Occident entre la fin du XVe et le XVIe siècle

 

H.L. Murre-van den Berg (Radboud Universiteit Nijmegen)

Writing, Reading and Religion in the Ottoman period: The Transformation of the Syriac Churches

 

Sabine Saliba (CeSoR / EHESS) 

Le monachisme maronite à l’épreuve des normes tridentines. 

 

Aurélien Girard (CERHIC EA 2616 – Université de Reims Champagne-Ardenne)

Les savants maronites et la langue syriaque dans l’Europe catholique aux Temps modernes

 

Alessandro Mengozzi (U. De Turin)

Textes néo-araméens au XIXe siècle

 

Florence Hellot

Les Assyro-Chaldéens entre empires ottoman et iranien (XVIe - début XXe siècle) 



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Localisation

Institut Protestant de théologie

Faculté de Paris

83, Boulevard Arago

75014 Paris - FRANCE

Email: etudessyriaques@gmail.com

Téléphone: 07 68 45 27 99 (Emilie)



Il s'agit cette année d'organiser une table ronde autour de l’époque ottomane, pour faire voir la dynamique de la recherche récente sur le sujet.

 Les « Syriaques » désignent les membres des communautés utilisant la langue syriaque. En dehors des maronites, ils sont peu connus pour l’époque ottomane, mais des travaux récents ont ouvert la route pour une meilleure connaissance en particulier des communautés de Mésopotamie.

Généralement, l’empire ottoman est considéré par les principaux intéressés comme une période sombre de leur histoire. Cette vision est en grande partie déterminée par les événements de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, qui a été marquée par la montée d’une conscience ethnique ou nationale chez les « syriaques », et par des séries de violences anti-chrétiennes qui ont culminé en 1915 (génocide anatolien, famine du Liban).  Néanmoins, les travaux récents sur l’histoire de l’empire ottoman permettent de réviser cette vision téléologique. L’objectif de cette journée d’études et de la publication prévue est de montrer ces nouvelles approches.

A partir du XVIe siècle, les Ottomans ont unifié un grand espace sous leur autorité, allant de la frontière iranienne et caucasienne jusqu’aux Balkans occidentaux et à l’Egypte. Cette unification a favorisé les circulations des chrétiens en direction de Constantinople et de Jérusalem, et a permis, dans des proportions variables, leur ouverture vers l’Europe occidentale et catholique. Cette évolution s’est traduite par une division supplémentaire dans le christianisme oriental, entre « unis » à Rome et « orthodoxes ». Mais elle a créé une nouvelle atmosphère d’émulation, de concurrence et d’échanges, qui a profondément modifié l’organisation interne et la culture des différentes communautés. 

Les chrétiens syriaques, notamment à travers leurs déplacements, ont contribué à la naissance en Europe d’une science orientaliste consacrée à leur langue et à leur patrimoine écrit. En retour, l’essor humaniste des connaissances sur l’Orient chrétien, dans une atmosphère de rivalité et de controverse entre catholiques et protestants, a introduit chez les chrétiens orientaux une nouvelle approche de leur propre histoire et de leur propre tradition. Ce mouvement a encore été renforcé au XIXe siècle par la diffusion du livre imprimé et par la naissance de l’archéologie scientifique. C’est dans ce contexte, par exemple, que s’est construite au XVIIe siècle, l’histoire mythique des maronites, autour de leur « perpétuelle orthodoxie » et de leur « éternelle fidélité à Rome ». De même, les découvertes archéologiques de Mésopotamie, au XIXe siècle, ont permis aux chrétiens nestoriens de s’approprier le passé glorieux, mais jusque-là ignoré, des Assyriens, tandis que les maronites se découvraient « phéniciens ».

Parallèlement les missions catholiques au Mont Liban et en Mésopotamie, menées par des religieux latins et par des Orientaux anciens élèves des collèges romains, ont introduit en Orient des principes comme la nécessité de purifier la tradition des « abus » et d’instruire le clergé et le peuple pour les mener au Salut, moyennant quoi de nouvelles dévotions d’origine latine se sont largement acclimatées. Les adversaires des « Francs » ont souvent recouru aux mêmes principes et aux mêmes instruments que les catholiques, ce qui a contribué à un début d’homogénéisation institutionnelle, linguistique et dogmatique dans chaque obédience. A partir du XIXe siècle, les chrétientés syriaques sont en plus devenues des champs d’affrontements entre missionnaires catholiques et protestants, et de rivalité entre Puissances (France, Angleterre, Russie). Les réformes constitutionnelles ottomanes,  jointes à une volonté politique de centralisation et de contrôle des périphéries tribales de l’empire, ont amené les différentes communautés chrétiennes à s’organiser politiquement, autour de notables laïcs et religieux. L’apparition de nouvelles catégories sociales plus lettrées (médecins, ingénieurs, enseignants, journalistes), ainsi que l’action d’une diaspora prospère, ont transformé le fonctionnement interne et la culture des communautés respectives, en contribuant à leur « ethnicisation ».

 

Cette journée d’études abordera différentes facettes de ces évolutions, soit par des exposés synthétiques, soit par des études de cas significatifs.    

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